C'était le midi. Les rayons du soleil qui était à son zénith me chauffait le pelage. C'était l'inconvénient de vivre dans un territoire dénué d'arbre. Tout le matin, Douceur des Anges m'avait entraîné à la chasse et j'étais morte de fatigue. Elle m'avait laissé le champ libre mais si elle m'avait pas donné du temps de repos, j'aurais surement sécher les cours. Je détestais m’entraîner quand j'étais fatiguée et quand il faisait une chaleur insoutenable. Est-ce qu'il existait un endroit où il faisait plus froid ? Je revenais de la rivière enchantée avec un saumon et un brochet dans la gueule. Même si les entraînements de chasse étaient soûlants, je devais admettre qu'ils portaient tout de même leur fruit. J'arrivai au camp, sous la chaleur et je déposai vite fait les deux poissons sous le tas de gibier. Une fois posés les proies, je courus vers le point d'eau du camp pour me désaltérer. J'avais vraiment eu soif en revenant. Je détestai le midi avec sa fichue chaleur. En plus, aujourd'hui, il y avait un ciel bien dégagé avec aucun nuage. En gros, la journée d'enfer, proprement dite. Je regardais mon reflet dans l'eau et je vis ma mine fatiguée. Il fallait que je me repose. Malheureusement, où trouver de l'ombre pour enfin me reposer ? Il n'y avait pas d'arbre. Soudain, une idée me traversa la tête. Des rochers. Il y en avait pas loin. Je me précipitai vers l'un deux et je fus enfin à l'ombre. Je pus me reposer. Quelques minutes s'écoulèrent doucement quand je vis une forme apparaître. Je regarda le chat qui s'approchait vers moi et m'écriai toute contente :

"Maman !"

Malgré le fait qu'elle était chef, j'adorais ma maman plus que tout même si elle était très occupée par ses devoir de chef. Justement, j'étais très fière d'avoir ma maman chef. Très fière et je l'encourageai autant que je pouvais.

Maman s'était approchée de moi, elle avait l'air aussi contente de me voir. Elle se mit en face de moi et me déclara : 

- Oranger ! Comment vas-tu ? Cela fait un moment que nous ne nous sommes pas parlées.

Elle avait parlé avec sa voix douce, la voix douce qu'elle prenait pour nous conter des histoires quand on était à la pouponnière. A cette époque,elle avait eu plus de temps. Plus de temps pour nous dire des histoires avec une voix douce, envoûtante qui me faisait endormir avant la fin des contes. Mais elle était devenue chef. Était-ce positif ou négatif ? Un peu des deux. Ce qui était pratique, c'était malgré mes bêtises, on osait pas vraiment me les reprocher. Le côté négatif, c'est qu'il y avait des jours, même des fois des semaines où on n'avait pas un moment d'intimité. Toutes les deux. Ou tous les trois avec Nuage d'Hippocampe. Mais là, elle ne semblait pas pressée. Elle semblait avoir du temps. Il fallait donc en profiter le plus possible ! Je lui répondit avec ma voix fluette :

-Oui, et toi ? Le boulot de chef n'est pas trop fatiguant j'espère ...

J'étais vraiment heureuse d'avoir un petit moment avec maman. ♥

Maman me répondit d'une voix pleine de sagesse :

- Il me prend tout mon temps, j'aimerai en avoir plus pour vous. Mais jamais je ne renoncerai à ce rôle, c'est le meilleur qui existe.

Elle sourit et s'exclama : 

- Assez parlé de moi ! Comment se passe ton apprentissage ? Douceur des Anges est une bonne mentor ?

Euh, comment le dire. C'était un peu spécial avec Douceur des Anges. Oui elle était une bonne mentor mais elle était pas assez forte, déterminée à mon gout. Mais je progressai normalement avec elle. Même si dans le passage, je lui faisais vivre une vie d'enfer. Mais au fond, je l'aimais bien. Même si je n'étais pas ce que je lui montrai. A l'avenir, j’essaierai de ne pas trop sécher les cours. Pour pas que maman devine ce qu'il se tramait dans ma tête, je lui répondit :

-Oui ça va avec Douceur des Anges ! J'apprends plein de choses ! J'ai pêché deux poissons ce matin. Deux gros poissons !

J'aurais bien voulu les montrer à maman mais les chats du clans devaient certainement avoir finit le tas de gibier. J'aurais tellement voulu qu'elle voit mes progrès pour qu'elle soit fière de moi ...

Si maman remarqua mon petit trouble, elle n'en dit rien cependant. Je voyais à sa mine réjouie qu'elle était fière de moi. J'étais contente. Je faisais beaucoup d'effort pour lui montrer que j'étais une grande apprentie. J'étais sure que lorsque j'aurais mon baptême de guerrière, elle sera fière de moi.

- C'est très bien ! Le clan va pouvoir profiter de tes dons de pêcheuses ! 

J'aimais bien quand elle me complimentait. J'étais sure de devenir une grande pêcheuse. Je me promis de lui ramener un jour le plus gros poisson qu'elle n'aurait jamais vu ! Puis elle rajouta :

-Sinon, tout se passe bien avec ton frère ?

Maman était plus complice avec moi que avec mon frère. Cela devait souvent passer par moi pour savoir de ces nouvelles. Déjà que moi je ne voyais pas beaucoup maman ... Je lui répondit :

-Oui bien sur, tout va bien ! Pas de soucis par là !


Je la regardai. Devenir chef, ça devait demander de gros sacrifices. Je ne sais pas si j'aurais préféré que maman soit encore la Mélodie de l'Espoir d’antan.

Maman sembla rassurer mais elle devrait l'être toujours vu que nous deux, ils nous arrivaient jamais rien. On avait peut-être une bonne étoile, qui sait ? Puis elle demanda d'un ton inquiet :

-Et avec Petite Pluie et Petite Otarie ? Elles s'intègrent bien dans le clan ? Et surtout, elles ne font pas trop de bêtises ?

Rien que entendre cela, ça me donnait mal au cœur. Elles avaient été adoptés par ma mère et je n'avais jamais compris pourquoi elle se donnait du mal pour elles. Oui j'étais jalouse. Jalouse de l'amour que portait ma mère à ses deux chatons. Déjà que maman était pas très libre en étant chef, ... Je les aimais pas du tout mais pour ne pas faire de peine à maman, je ne disais rien. Je répondis :

-Oui tout va bien aussi pour elle mais je ne les vois pas beaucoup non plus ...

Puis j'entendis une voix m'appeler au loin. Mon mentor ! Douceur des Anges voulait surement qu'on continue l'entrainement. J'avais eu une bonne pause avec maman. Ça allait. Je mis mon museau dans le cou de maman en lui disant :

-Douceur des Anges m'appelle. Je dois continuer entrainement. Au revoir !

Je partis vers mon mentor avec un déchirement au cœur en faisant un dernier sourire à maman.