Tu ne savais pas exactement ce que tu faisais ici. Tu savais qu'il t'était interdit de rôder sur des terres qui n'étaient pas les tiennes. Était-ce peut-être ce sentiment que quelqu'un s'attarderait enfin un peu sur toi qui te faisais rester? C'était plutôt stupide, mais quand on est désespéré, on à pas nécessairement la tête à vouloir paraître brillant. D'ailleurs, ton regard moins que brillant se promenait d'une façon lasse sur ces lieux, les observant, tentant de réaliser à quel point tout ça était inutile. À la limite, un des chats du clan de la plage te remarquait, te botterait le derrière et tu serais de retour à la case départ; une moustache en moins et une patte douloureuse. Ça te permettrait au moins de te sentir vivant, en chair. La douleur, c'était aussi une façon de rester terre-à-terre. De toute façon, tu resterais toujours seul au beau milieu de cette tempête, de ce tumulte de sentiments et de non-sentiments, peu importe la façon dont tu essayerais de t'en sortir. Tu étais damné.
Te te traînas difficilement jusqu'au bord de la rivière, d'où tu t'abreuvas rapidement, avant de te laisser choir, les pattes trempant dans le liquide translucide et froid. Un soupire s'échappa d'entre tes crocs, silencieux, mais pourtant lourd, très lourd de songes et de douleur. Tu attendais que l'heure arrive, qu'on te remarque, que ta grosse tête inconnue se fasse remarquer. Tu attendais simplement qu'on pose un regard sur toi, peu importe la signification, peu importe la façon employée. Qui sait, peut-être serait-ce la bonne façon de délivrer ton corps du sort que la vie t'a jeté? Peut-être serait-ce la bonne façon de retrouver la lumière, une lueur d'espoir? Juste pour une journée, au moins, ça serait suffisant, que tu te disais.
Tu entendis des pas derrière toi. Ils étaient lointains, pourtant. Encore quelques mètres. Quelques mètres et tu serais à découvert.
Aidez moi à retrouver la lumière, s'il vous plaît.