Oh I'm like a kid who just won't let it go ~ [PV Nam]

Oh I'm like a kid who just won't let it go

Hymne du Néant & Printemps Oublié

Le soleil n'était pas apparu depuis un moment. Son éclat doré me manquait. L'astre vermeille se cachait sous cette couche nuageuse. De quoi a-t-il donc peur ? Qu'avons-nous fait pour mériter cela ? Je détachai mon regard ambré du ciel. Une brise glacée caressa mon flanc. Elle emporta mon soupir. Un doux fumet appétissant vint effleurer mon museau. Un battement d'ailes attira mon attention. Mes pupilles s'étrécirent sous le coup de la faim et de l'excitation. L'excitation de pouvoir planter mes griffes dans de la chair fraîche et juteuse.

D'un geste vif, je me retournai pour m'élancer à la poursuite de l'oiseau. Alors qu'il était à une longueur de queue de moi, je fis un bond gracieux. Le pinson m'esquiva, s'envolant dans les airs.

« Sale ... »

La rage brilla dans mes yeux. Avoir raté une proie si simple, c'était vraiment une honte. Je soupirai à nouveau, observant les alentours. L'oiseau m'avait emmené près de la cascade. J'entendais le vacarme de la chute d'eau. De ma démarche élégante, je traversai un bosquet d'arbres pour me retrouver face à ce mur liquide.

D'un pas lent et gracieux, je m'approchai de l'étendue d'eau. Je m'accroupis pour prendre quelques gorgées de ce liquide cristallin, si précieux pour nos vies. Un bruit dans les taillis attira mon attention. On me suit ? Mes oreilles noires frémirent, alors que d'un mouvement vif je me retournai. J'émis un grognement, et d'un ton sec je miaulai :

« Toi ... Je fis une légère pause, alors que mon regard restait inexpressif. Pourtant, la colère serrait un peu mon cœur. D'un ton mielleux, je poursuivis. Mais que fais-tu ici ? Si loin de ta progéniture adorée. Les pauvres, tu leur manque déjà à cette heure-ci. Ils doivent être morts de chagrin.»

Un sourire mince et satisfait s'afficha sur mes babines. Ce sourire négatif, que j'aime montrer lorsque je m'amuse. D'un geste lent mais tout aussi gracieux, je me léchai une patte, observant la femelle d'un regard tout aussi froid.

Ces temps-ci, Hymne du Néant n’était pas au meilleur de sa forme. Ces temps-ci, les trois quarts de l’île n’était pas au meilleur de sa forme. Pas qu’une épidémie ait frappé ou quelque chose de ce genre là, mais c’était le temps, qui rendait tout le monde irritable, désagréable, ce qui signifiait en réalité que tout le monde priait pour voir revenir le soleil une bonne fois pour toutes. Les plus superstitieux parlaient quelques fois de malédiction du clan des Etoiles. N’importe quoi. La plupart des anciens –ceux qui avaient encore suffisamment de mémoire- étaient unanimes, ce n’était pas la première de l’histoire que ça arrivait.
Hymne du Néant sortit une nouvelle fois du camp. Elle avait remarqué que par périodes pareilles, elle n’arrivait plus à être contenue dans un espace clos. Presque tous les jours, elle se prenait un moment pour faire un tour, même le temps de quinze minutes. Souvent, c’était la cascade. C’était un endroit reposant et vivifiant, et en ce moment, elle en avait bien besoin d’être vivifiée. Rester comme un légume dans la pouponnière ne l’aiderait pas beaucoup. Le grand bruit que faisait la chute d’eau l’apaisait, lui faisait penser à autre chose.

Le temps de pense à toutes les misères qui arrivaient la lune passée, elle arriva bientôt. De loin déjà, elle entendait le remous de l’eau venant s’écraser dans le lagon juste en dessous. Alors qu’elle regardait ses pattes tout en avançant, une voix puis une odeur s’imposa à elle :
Toi ...

Elle releva ses yeux jaunes et se retrouva face à face avec une camarade de clan, Printemps Oublié. La relation entre les deux chattes était assez étrange –comme pouvait le témoigner l’air mesquin et méchant que prit l’autre lorsqu’elle continua, d’une voix mielleuse :
Mais que fais-tu ici ? Si loin de ta progéniture adorée. Les pauvres, tu leur manques déjà à cette heure-ci. Ils doivent être morts de chagrin.

Hymne du Néant s’avança vers elle, sans la lâcher des yeux. Un grognement sourd retentit dans sa gorge et perça par dessus le bruit de la cascade pendant un cours instant. Elle répliqua, sans attendre plus longtemps :
-C’est vrai que tu es la reine, point de vue progéniture morte de chagrin.

Les yeux de la reine noire envoyaient des éclairs, mais pas les éclairs furieux, les éclairs beaucoup plus subtiles que ça. Printemps Oublié avait mis bas elle aussi, à quelques jours près de Hymne du Néant. À la différence près que elle, avait abandonné ses chatons, ses enfants. Et elle pouvait le savoir mieux que quiconque, vu que la féline noire faisait partie des reines qui l’élevaient. Elle continua, la haine perçant dans sa voix :
- Tes enfants, ils le savent bien, ça.

(Soit dit en passant, Patte du Sanglier a changé d'avis, tu n'es plus sa mère Donc j'ai quand même fait comme si t'avais laissé des chatons que Hymne participerait à élever comme tu l'as vu xD)