Ce jour-là, le sonnait tonnait. Le ciel portait une étrange couleur grisâtre tirant vers l'orangé et le rouge. Qu'est-ce que cela voulait dire ? Je n'en savais rien. Je me contentais de regarder ce ciel, en attendant que le temps veuille bien passer. Je n'étais qu'une chatonne et pourtant, j'étais déjà bien las de la vie. Elle qui m'avait tant apporté et tant retirer en si peu de temps d'existence. Je n'avais que quatre lunes et pourtant, je portais sur mes épaules tout le malheur dont certains Guerriers ne sont parfois pas touché. J'avais déjà perdu toute ma famille biologique et un membre de ma famille adoptive. Je ne faisais aucune différence entre les deux. La perte de chacun était des plus difficiles. À chaque perte, c'était un obstacle presque insurmontable qui se dressait devant moi. Un obstacle dangereux et douloureux. Qui bien que je fasse attention finissait par me causer bien plus de douleur morale que physique. À chacune de ces épreuves que m'imposait le Clan des Étoiles, j'en compatissais de mon moral. Je ne pouvais me relever indemne et gagnait une entaille un peu plus profonde dans le cœur. Maman m'avait dit de ne plus penser à cela. Après la mort de Petite Otarie, elle m'avait promis qu'elle s'occuperait de nous, de Nuage d'Oranger et moi, les deux seules filles qui lui restaient. J'étais certaine qu'elle tiendrait parole. Néanmoins, je ne voulais pas que cela lui coûte l'estime de ces camarades. Et les morts qui s'enchaînaient ne faisait que bousiller le peu de moral qu'elle gagnait chaque matin en me voyant faire mes âneries pour l'amuser ou lorsqu'elle voyait son Clan se porter bien, malgré les disparations de trop de leurs camarades. En voyant maman, j'avais l'impression qu'elle portait tout le malheur et tout le chagrin du Clan sur ses épaules. Était-ce le rôle de Chef qui se voulait ainsi ou bien était-ce maman qui culpabilisait de tous ces malheurs qui arrivaient ? Il n'y a pas si longtemps, j'ai appris la mort de Fleur de Lumière. Cette chatte avait un grand potentiel et je l'admirais énormément. Elle était devenu, la compagne de Légende de l'Hippocampe, mon frère disparue. J'avais été nettement moins affecté par sa disparition. Pourquoi ? Parce qu'elle ne faisait pas spécialement partit de mes proches ? Parce qu'à force de douleurs, je me relevais plus forte et acceptais bien la douleur ? Peut-être. Je n'avais pas la réponse à cela.

Mes yeux observaient les nuages gris sans vraiment le faire. Je ne voyais pas clairement pour la simple et bonne raison que j'étais concentrée sur ce à quoi je pensais et non ce que je semblais regarder. Je m'ennuyais à mourir depuis le départ de Petite Otarie pour le Clan des Étoiles. Aucun chaton n'avait osé venir me voir pour me demander une partie de jeu et tant mieux pour eux, je n'en avais nullement envie et à me connaître, je les aurais sûrement renvoyé, gentiment certes, mais je trouvais que cela n'était pas très poli. Je n'avais même pas envie de vivre alors comment est-ce que je pourrais profiter de cette vie que l'on m'a donnée ? Elle ne m'attire que souffrance et malheur alors à quoi bon la garder ? Néanmoins, j'avais passé plusieurs jours à réfléchir sur la question. J'avais fini par aboutir à une remarque pertinente. Cette dernière se voulait de me dire de rester en vie pour ne pas faire endurer une souffrance supplémentaire à mes proches et en particulier à maman. Elle qui avait tant souffert et qui souffrait encore tant. Je ne la voyais plus beaucoup. Malgré cette promesse. Lorsque je la voyais, elle n'avait pas l'air heureux. Je comprenais qu'elle soit en deuil, mais à deux, c'est plus facile de surmonter cet obstacle plutôt que de s'obstiner à ruminer seul dans son coin. Je n'osais pas lui parler de l'état pitoyable dans lequel elle se trouve et pourtant, je devrais. Je savais que ce n'est pas bon pour elle d'être ainsi et ce même si elle disposait de plusieurs vies. Et dire que de la voir dans cet état me faisait pitié. Je dirais même plus, la voir ainsi me donnais des nausées et me rendais morose. Cela ne me plaisait pas du tout. J'aimerais qu'elle en vienne à changer d'état d'esprit et pourtant, je n'osais aller le lui dire en fasse. Mais après tout, elle devait savoir mieux que moi ce qu'elle faisait, je n'étais qu'une chatonne après tout et elle était une adulte.

« Je demande à mes ancêtres qu'ils se penchent sur cette apprentie, elle a travaillé dur afin d'apprendre nos lois et elle mérite désormais de rejoindre nos rangs en tant que guerrière à part entière. Nuage d'Oranger promets-tu de suivre le code du guerrier et de défendre ton clan, même au péril de ta vie ?  

- Oui.

- Dans ce cas, par le pouvoir du Clan des Etoiles je te donne ton nouveau nom. À partir de ce jour Nuage d'Oranger s'appellera Fleur d'Oranger, le clan rend hommage à ton courage et ta volonté »

J'eus à peine le temps de relever la tête pour voir maman sur le promontoire. Comment est-ce qu'elle s'est hissée là-haut en si peu de temps et comment est-ce que j'ai fait pour ne pas le remarquer ? J'en arrivais à être déçue de moi et d'être ainsi partit dans une pareille réflexion. À l'avenir, je ferais plus attention au monde extérieur. Je remarquais qu'une foule de Guerriers étaient déjà amassés devant le promontoire, quoi de plus normal, le baptême touchait déjà à sa fin. Heureusement, j'avais tout entendu et n'avait rien manqué du discours de maman. Bien que son physique laissait paraître un laissé allé plus qu'évident, on pouvait voir que le timbre de sa voix n'avait nullement changé. Elle avait toujours cette touche qui donnait envie aux félins d'écouter et de suivre cette voix quoi qu'elle leur demande, à croire que maman était née pour devenir Cheffe un jour. Fleur d'Oranger. J'aimais bien ce nom. Il allait à ravir à ma sœur. Elle qui était si gentille et si belle. Néanmoins, ce dernier me rappela le nom de la compagne de Légende de l'Hippocampe et par conséquent, me rappela la disparition du couple. Au fond, les deux ne s'étaient quittés qu'un bref instant pour aller se retrouver tout deux là-haut. J'espérais qu'ils vivaient heureux et qu'ils étaient libres de tout là-haut et surtout qu'ils ne souffraient nullement. Mes yeux rencontrèrent le pelage de Fleur d'Oranger. J'étais si heureuse pour elle. Je crus déceler une once de joie en moi. Oui c'était cela. Ce sentiment qui ne m'avait pas touché depuis quelques temps revenait peu à peu à moi. J'étais heureuse de voir Fleur d'Oranger heureuse, j'étais heureuse qu'elle devienne une Guerrière et j'étais heureuse de voir luire cette petite lueur dans les yeux de maman. J'eus vite fait de me faufiler parmi les Guerriers assembler, ma taille m'aida grandement. Une fois que je fus au premier rang, je me mis à scander le nom de ma sœur : Fleur d'Oranger. Aussitôt, une holà se déclencha parmi les rangs des Guerriers et tous acclamèrent la nouvelle Guerrière. M'approchant davantage, je finis par me trouver nez à nez avec Fleur d'Oranger. Je filai me fourrer dans son pelage et lui murmurai :

« Félicitations Fleur d'Oranger. Je suis très heureuse pour toi. Enfin un peu de bonheur dans tout ce malheur. »