HISTOIRE

Petite Sirène regarda longuement son frère d'un air rieur avant de reporter son attention sur la feuille qui était l'objet de leur amusement matinal. Les deux chatons avaient été réveillés de bon matin par un ancien trop grincheux qui s'était mis à crier à qui voulait bien l'entendre que ses articulations le faisait souffrir, et les bambins avaient donc décidé qu'il était temps qu'ils sortent de l’ennuyeuse et étouffante pouponnière qu'ils voyaient d'ailleurs comme une prison pour enfants.
La petite femelle poussa son frère d'un coup d'épaule, qui chancela légèrement sous la poussée, car bien qu'étant plus grand que sa sœur il n'était pas très musclé pour son âge et abordait plutôt la silhouette élancé et agile d'un chasseur. La tigrée se jeta alors sur la feuille dans un petit cri qui se voulait terrifiant, la manqua et s'étala tête la première dans poussière.

« T'es nulle Sirène. »

Se moqua son frère, Petit Caméléon, en trottinant de sa drôle de démarche vers la feuille qui, après s'être envolée sous les pattes de la petite féline, avait daignée se poser quelques mètres plus loin. Son frère planta ses petites griffes dans la petite plante et, après s'être approché de sa sœur, l'agita moqueusement sous son nez, les yeux rieurs, un sourire éclatant éclairant son visage enfantin.

« Tais - toi, c'est toi le nul. Il y a eut un coup de vent juste au moment où je sautais c'tout. »

Répliqua Petite Sirène avec un éclat de colère au fond des prunelles.
Petit Caméléon lui sourit un peu plus encore, la feuille toujours plantée au bout de sa patte levée en l'air, comme suspendue par des fils invisibles. Puis son sourire perdit de son éclat, se fana subitement et son joli regard couleur vert alla se poser sur un point situé derrière la chatonne.

« Petit Caméléon. Petite Sirène. »

Miaula une voix chantante sans appel.
Petite Sirène se redressa brutalement et après avoir croisé les prunelles irisées de son frères lança un regard mauvais vers l'auteur de ces paroles. Sa mère se tenait à l'entrée de la pouponnière, son poil, si semblable à celui de Petit Caméléon, lustré et la queue délicatement enroulée autour de ses fines pattes, elle était en compagnie d'un guerrier quelconque auquel elle lançait des regards remplis de sous entendus douteux.
Il y eut comme une déchirure de plus dans la poitrine des chatons lorsque tout deux se dirigèrent vers leur génitrice qui ne baissa même pas les yeux lorsqu'ils passèrent devant elle pour rejoindre la pouponnière.
Mais Petite Sirène ne tenait plus compte des déchirures depuis longtemps, ou du moins elle s'y forçait, et, bien que Petit Caméléon ne semblait pas touché le moins du monde elle savait que le comportement de leur mère à leur égard le faisait souffrir tout autant.
Elle la détestait. Elle lui ferait payer. Un jour.