Étoile de la Sirène fut tirée du sommeil par le sifflement du vent, au dehors. Le zéphyr giflait avec violence les parois du volcan, et le ciel d’ordinaire d’un bleu limpide était couvert de nuages sombres. La meneuse s’extirpa courageusement de son antre pour observer ce temps qui ne présageait rien de bon. Malgré tout, elle n’avait pas l’intention de se laisser abattre. Elle grimpa jusqu’à la place centrale du camp, où tous s’activaient déjà. Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, les félins robustes du Clan du Volcan vaquaient à leurs occupations. Sans plaintes, sans inquiétude.
Sirène rejoignit Nuage d’Artifices devant le promontoire, comme prévu. Elle avait confié l’entrainement de cette jeune femelle à Reine des Neiges, une guerrière qu’elle ne portait pas dans son cœur, mais elle appréciait la novice. Et puis, ne mentons pas, la meneuse profitait du temps qu’elle passait avec Nuage d’Artifices pour surveiller l’avancée de sa formation. Sans mot dire, juste avec un sourire et un mouvement de la queue, Sirène incita l’apprentie à la suivre.

Le blizzard fouettait la plaine et le corps des deux femelles. Caresse lacérante sur leur peau si fine. Lame de poignard mettant à vif leur chair nue, glaciale et brûlante à la fois. Sirène frissonna. Elles avaient mis le cap sur les Terres Libres, zone arborée où elles seraient protégées. Elles pressèrent le pas, la brise poussant dans leur dos. Leur silhouette élancée se mouvait à une allure démentielle.
Elles firent halte sur les rives du lac. Mais le calme ne dura pas bien longtemps. Des effluves étrangères leur parvinrent rapidement, signe que des félins d'autres Clans étaient présents dans les environs. Étoile de la Sirène chuchota un bref « Reste sur tes gardes. », puis attendit qu'un des chats montre le bout de sa queue.

Le vent soufflait et le ciel était sombre. Assis au milieu du Camp, je me sentais à la fois anxieux et excité. J'adorais ce temps, et j'en avais aussi très peur! Ca faisait battre mon cœur à un rythme fou, je me sentais vraiment bizarre. Il faisait trop mauvais pour que j'entraîne Nuage Macabre à la chasse. Je l'avais donc laissé suivre la Patrouille des frontières. Je me retrouvais donc seul. Je réfléchis un instant. Nuage de Feuilles n'était pas au Camp, alors les bêtises avec elle, c'est raté. Nuage des Enigmes était partit s'entraîner donc pas de hurlement derrière moi, pas de farce horrible et pas de "bouh!" aujourd'hui. Je soupirais. Je me sentais un peu seul. Si j'allais chasser en Terres Libres? J'y serais bien! Le lac devait être magnifique en ce temps. Oh oui! C'est décidé, je vais au lac des Terres Libres!

Je me mettais donc en route, tout heureux. Je courrais à travers les arbres, le vent s'engouffrant dans mon pelage, la faible clarté du ciel me permettant de me repérer dans cette forêt que je connaissais si bien. Lorsque je sentis la frontière du Clan de la Jungle, je ralentis le pas pour ne pas embêter une éventuelle Patrouille. Lorsque je fus sûr qu'il n'y avait personne, je continuais ma route jusqu'aux Terres Libres. Bientôt, les arbres laissèrent place à une grande étendue d'eau. Je m'approchais du bord en humant l'air et je remarquais l'odeur du Clan du Volcan et du Clan de la Plage. Je ne pus retenir un miaulement de surprise. La plus proche effluve était celle du Volcan. Je regardais autour de moi et je remarquais bientôt deux chats. Dont l'un qui m'était très familier car c'était la même chatte qui se dressait toutes les Assemblées aux côtés d'Etoile des Démons. La Cheffe du Clan du Volcan, en personne. Je devais lui montrer respect même si elle n'était pas ma meneuse. Je lui offris donc un petit sourire, à elle et à la novice qui l'accompagnait, et je m'inclinais légèrement.

« Salutations Etoile de la Sirène. Salutations à toi aussi, fis-je en lançant un regard à la plus petite des chattes. Je suis Reflet des Emotions, un guerrier du Clan de la Jungle. Il semblerait que le lac soit beaucoup fréquenté aujourd'hui. »

Bien entendu, je me doutais qu'elles connaissaient mon Clan mais c'était plus par politesse que je le disais. Je ne savais trop quoi leur dire, après tout nous pourrions bien nous retrouver dans un combat prochainement. je ne pensais pas croiser du monde ici. Un violent coup de vent me fit frissonner. Était-ce le froid ou la peur?