C’est mal de mentir, de cacher des choses, même avec raisons ; un mensonge reste un mensonge. Tu détestes mentir, c’est vrai. Tu te sens mal, inconfortable. Mais tu as tes valeurs,  des choses auxquels tu tiens. Et la cause de ton mensonge… Est très importante, en bref. Peut-être n’auras-tu même pas à le dire, mais si tu le dois, seras-tu capable de l’affronter ? De ne pas baisser ta garde, de bien tenir ton masque? Mais en fait, ce n’est qu’une petite cachotterie, non ? Et puis, c’est pour une bonne cause. Pourquoi le cacher ? Parce que tu ne connaîtrais pas la réaction de ta sœur, de ton entourage. Mais en fait, il n’y a rien d’interdit là-dedans…. Pourtant, on dirait qu’une partie de toi sent que c’est mal, qu’il y a quelque chose de lourd là-dessous… Pourquoi ?

Crac. Tu regardes à côté de toi en te mordant la lèvre et voit le pelage de ta sœur se lever normalement au rythme de ses respirations. Elle dort encore, heureusement pour toi. Pas besoin de nier quoique ce soit, bonne nouvelle. Tu t’empresses de sortir de la Tanière et accueille avec une joie non-feinte les rayons de la lune. On dirait qu’ils ont comme un effet positif sur toi. En fait, tout de la nature à bon effet sur toi… Ou presque. Les algues, t’aimes pas. Plus jeune, tu avais peur qu’elles te ligotent les pattes et t’emprisonnent sous l’eau pour qu’un requin vienne te manger.

Tu sors du camp par l’extrémité qui n’exige pas de se mouiller et trotte un petit peu question de ne pas être entendu par les sentinelles. Et d’un coup, tu t’élances. Rapidement, sur une cadence bien mesurée. L’air est doux et frais, le drap lunaire s’étend sur l’île et s’assure que tu vois bien devant toi. Tu te presses, ça se voit. Tes foulées sont longues et rapides, mais parfois irrégulières. Ça se comprend, tu trépignes d’impatience ! Même quand tu avances, on voit que tu as hâte. C’est drôle comme une personne, un lieu, un rendez-vous avec une personne peut te mettre dans cet état ! Et même encore, ce n’est même pas une rencontre secrète avec Nuage de Lumière ou Nuage d’Oranger, et encore moins une escapade avec une de tes demi-sœurs. Toi-même n’en revenais pas d’être aussi impatient.

Tu déambules dans la clairière qui entoure un côté des Trois Galets. Ça faisait un moment que tu n’y avais pas posé les pieds, cela remontait à ta dernière assemblée. Vague Insaisissable t’y avais accompagné, et nom d’un piranha, ce que tu t’étais plu là-bas ! Tu avais rencontré pleins de gens, et justement, Nuage de Magellan, un apprenti du Clan du Volcan. C’était lui que tu venais rencontrer ce soir, pour la troisième fois depuis ce soir-là. Tu lui avais de nombreuses fois posé des questions sur son territoire qui t’intriguait tellement, et souvent, tu priais le Clan des Étoiles pour que le Guérisseur du Clan ait besoin d’une herbe qui ne poussait que près du Cratère et qu’il t’y emmène.  Ah ce que c’est beau les rêves. Tu avançais plus loin et l’odeur de ton ami caressa tes narines.

On se demande souvent qui sont nos vrais amis. On regarde plusieurs caractéristiques de chacun en se disant j’aime ça, ça et ça de lui, mais lui a aussi ça et ça, mais il possède ceci que je n’aime pas. Attendez, choisissons nous vraiment nos amis en fonction de leurs qualités et de leurs défauts ? Non. On les choisit parce qu’ils nous procurent du bonheur, de la joie, parce qu’ils sont là pour nous et nous soutiennent lors de nos moments faibles. Alors lorsqu’on vous dira quelque chose à propos de votre ami répondez-lui : Et alors ?

Il y a des choses que l’on ne contrôle pas, qui sortent d’on ne sait où et dont on peut que se méfier. Qu’en est-il de l’instinct? Personne ne s’en méfie, mais rares sont ceux qui le suivent. Cette force, ce sixième sens, cette chose … Étrange ? Hors de contrôle ? Qui peut se vanter de connaître son instinct par cœur, de savoir quand il viendra ? Venir ? Vient-il ou bien apparaît-il ? On dirait qu’il s’incruste dans notre cerveau, nous enveloppe dans un drap d’incertitude et nous pointe un chemin vers lequel nous sommes en quelque sorte attirés tels des aimants.  Quand est-il du chemin à suivre? Sera-t-il toujours bon de prendre ce chemin auquel nous sommes attachés ? Nous arrivera-t-il malheur si on parvient à s’en défaire et suivre l’autre voie ?

C’est cette question que tu te poses chaque fois que tu dévies du droit chemin, celui de ne pas te faire d’amis d’autres clans. Parce que sur le champ de bataille,  qu’est-ce qui se passerait ?

Ton sourire ne put qu’être plus flagrant dans la pénombre. Tes crocs blancs comme neige devaient reluire dans l’obscurité comme le drap lunaire faisait scintiller l’eau claire de l’océan. Pas étonnant avec tout ce bonheur à l’intérieur de toi. Tant de joie pour un simple ami ? Non, c’est plus qu’un simple ami, en fait il est ton seul véritable. Tu n’as pas encore eu l’occasion de sociabiliser avec tous les membres du Clan, et à part Petite Pluie, Petite Otarie, Nuage d’Oranger, Nuage de Lumière et les anciens, tu es plutôt seul.  À vrai dire, c’est seulement que tu ne prends pas vraiment le temps d’aller voir ailleurs. Tu te demandes bien à quoi ressemblent les membres du Clan de la Jungle, d’ailleurs. Faux. Tu sais exactement à quoi ils ressemblent, enfin, pour ce qui est de leur chef. Celui avec qui ta mère a trompé ton père. Est-ce que tu lui en veux, à ce mâle ? Nullement, parce qu’il ne semble pas du tout au courant. Aux dernières nouvelles, il pense toujours que tu es son fils. Et ta mère se demande toujours pourquoi tu lui fais la gueule. Tu t’es retenu au moins mille fois de lui cracher au visage, surtout devant Nuage d’Oranger. Pas besoin de gâcher leur relation si stable, ce serait tellement égoïste.


Salut mon Hippo ! *pause* Quoi de neuf depuis la dernière fois ?

La voix de ton ami te sort de tes pensées et tu te rapproches de lui, heureux. Il n’y a que lui pour te réconforter sans le savoir dans des moments pareils.